La très stratégique base française de Djibouti

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Les ministres français des Armées et des Affaires étrangères se sont rendus, jeudi 14 décembre, à Djibouti, pays à la position stratégique entre l'océan Indien et la mer Rouge, pour négocier le renouvellement des accords de défense entre les deux pays. Cette zone connaît ces dernières semaines une tension croissante avec la multiplication d'attaques des rebelles houthis en mer Rouge. Disposer d'un point d'ancrage dans la région est - par conséquent - essentiel pour les armées françaises. La Corne de l'Afrique, Djibouti point d'entrée en mer Rouge, face au détroit de Bab-el-Mandeb, là où transite une grande partie du commerce et des approvisionnements énergétiques mondiaux... Depuis son indépendance en 1977, le pays accueille la plus grande base française en Afrique : 1 500 hommes, des capacités terrestres, aériennes et bien sûr navales, un « porte-avions » naturel, un point d'appui unique, où l'amiral Alain Coldefy ancien « pacha » du groupe aéronaval français a souvent fait escale : « C’est une base totalement stratégique. Après les guerres du Golfe, les Américains sont arrivés en force au camp Lemonnier et les Chinois, bien sûr, sont arrivés derrière. Donc, actuellement, Djibouti, c'est une base américaine, chinoise et française, mais c’est une base historiquement française. Aujourd’hui, on est passé un petit peu en deuxième rideau, on n'est plus la force militaire dominante. Il y a quelques années, il y avait encore la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, mais aussi des frégates basées en permanence. Néanmoins, il reste une capacité d'entretien des bateaux de passage, des bonnes capacités de maintenance, des ateliers spécialisés, un soutien logistique qui permet aux forces qui sont déployées, en particulier dans le golfe arabo-persique, de venir se régénérer lors de relâches opérationnelles. Donc ça reste un point d'appui avancé. »À lire aussiDjibouti: l'avenir de la base militaire française au centre de la visite de Lecornu et ColonnaBase d’Abu DhabiMais Djibouti n'est plus le seul point d'appui français dans cette région, car depuis quelques années une seconde base navale a vu le jour dans le golfe Persique. La base d’Abu Dhabi fait aujourd’hui de l'ombre à celle de Djibouti. Mais Djibouti qu'il ne faut pas négliger pour autant, pointe Vincent Groizeleau rédacteur en chef de Mer et marine : « Depuis la fin des années 2000, il y a la base navale d'Abu Dhabi et finalement, c'est plutôt de là-bas maintenant qu’opèrent les bâtiments français. L'état-major, qu'on appelait Alindien (dans la Marine nationale française, l'acronyme Alindien désigne l'amiral commandant de la zone maritime de l'océan Indien) qui longtemps est resté sur un bâtiment, qui était un état-major de la Marine itinérant et qui se chargeait donc de toute cette région maintenant, est installé à Abu Dhabi. Pour autant, effectivement, Djibouti, les escales y sont encore régulières et ça reste un point d’appui important. Ne serait-ce que parce qu'en cas de conflit avec l'Iran, le golfe sera fermé. Le détroit d'Ormuz sera très compliqué à franchir et donc il faut effectivement conserver un point d'appui extérieur au golfe Persique pour pouvoir intervenir en toute liberté, sachant que les autres possessions françaises, les autres territoires français, sont beaucoup plus au sud, c'est-à-dire à La Réunion et à Mayotte. Djibouti reste quelque chose de stratégique. »D'autant plus stratégique, que les rebelles houthis qui disent agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, prennent pour cible tous les navires de commerces qui transitent au large du Yémen à destination d'Israël. À trois reprises cette semaine, la frégate Languedoc a fait feu contre leurs drones, et c'est justement dans la base navale de Djibouti que ce bâtiment de la Marine devrait faire relâche et y recompléter ses munitions.

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