Les affres de l’économie iranienne éreintée par douze ans de sanctions

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En Iran, les électeurs sont appelés aux urnes ce vendredi pour désigner le successeur d'Ebrahim Raïssi. Le président en exercice mort au mois de mai dans un accident d’hélicoptère. Les six candidats s’engagent tous à agir pour lever les sanctions américaines. Cela fait plus de douze ans que l'embargo sur le pétrole iranien entrave le développement économique de la République islamique. Les sanctions imposées en représailles au projet iranien de nucléaire militaire sont brièvement levées après l’accord signé en 2015 par les États-Unis et l'Union européenne. Et à nouveau appliquées par Donald Trump à partir de 2018. Constamment prise en étau, l'économie iranienne a cependant renoué avec une croissance comprise entre 3 et 4 % depuis 2020, en reprenant ses exportations de brut. En revanche, il n'y a pas eu de répit pour les ménages. Ils n’ont toujours pas retrouvé leur niveau de vie d’avant 2018.À lire aussiIran: exportations record de pétrole malgré l'embargo américainUne inflation à plus de 30 %Surtout à cause de l’inflation. Depuis 2018, elle s’est durablement installée au-dessus de 30 %. Cette année, l’inflation alimentaire dépasse les 50 %. Cette flambée sans fin se nourrit de la demande très forte en produits importés et de la dégringolade du rial. En chute libre depuis cinq ans. Un effondrement de la monnaie locale poussant tous ceux qui ont encore un peu d’épargne à acheter de l’or ou des devises étrangères pour sécuriser leurs économies. Hossein Selhvarzi, l’ancien président de la Chambre de commerce, interrogé par le quotidien réformateur Shargh, estime le manque à gagner engendré par les sanctions à 1 500 milliards de dollars pour les douze ans passés.Le manque à gagner dans les revenus pétroliersL’ancien président réformateur Hassan Rohani dénonce lui les pertes engendrées par les sanctions dans le secteur pétrolier. Celui qui avait réussi à alléger le fardeau en signant l'accord de 2015 parle de 300 milliards de dollars de revenu manquant pour les trois dernières années à cause d'après lui des rabais consentis pour exporter le brut iranien. Entre les commissions payées aux multiples intermédiaires et les discounts, l’écart entre les revenus déclarés et les revenus réels recensés par les douanes est de 22 % sur la période récente. Néanmoins, l’Iran exporte toujours plus de pétrole, c'est la clé de sa résilience. Au premier trimestre, les ventes étaient en moyenne d’un million 600 000 barils par jour, du jamais vu depuis six ans.À lire aussiPourquoi le baril de pétrole n’a pas flambé malgré la menace de guerreLa Chine, principale cliente du brut iranienComme la Russie, l’Iran s’affranchit donc des sanctions occidentales. Et comme la Russie, c'est grâce aux achats de la Chine, le principal client de la république islamique. Pékin importe environ 1,3 million de barils de brut iranien par jour. Les plus durs du régime comptent sur la consolidation de ce monde multipolaire pour échapper au joug des sanctions occidentales. C'est la voie indiquée par l'un des candidats les plus intransigeants, Said Jalili. Hier soir lors d'un débat consacré à la politique étrangère, où tous les candidats ont répété qu'ils chercheraient à desserrer l'étreinte, l'ancien négociateur en chef du dossier nucléaire considéré comme l'un des favoris du scrutin, propose le développement des relations avec les pays d'Amérique latine et d'Afrique pour neutraliser l'effet des sanctions.À lire aussiIran: qui sont les six candidats à la présidentielle anticipée du 28 juin?

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L'Antarctique, nouvelle terre de convoitise pour les hydrocarbures?
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