Gazprom, l'ex-fleuron russe de l'énergie au plus mal

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Les pays du G7, réunis en sommet en Italie ce jeudi 13 juin, se sont mis d'accord sur un prêt de 50 milliards de dollars pour l'Ukraine, garantis par les actifs russes gelés. Les États-Unis ont également annoncé de nouvelles sanctions contre des entreprises liées à des projets gaziers, notamment contre une filiale de Gazprom. Le géant russe du gaz est au plus mal et fait face à une accumulation de mauvaises nouvelles. Ce mercredi, le fournisseur allemand de gaz Uniper a annoncé avoir obtenu gain de cause en justice face à Gazprom, qui avait arrêté de le livrer après l'invasion de l’Ukraine par la Russie il y a un peu plus de deux ans. Uniper pourra bien lui réclamer près de 13 milliards d'euros de compensation, a décidé un tribunal arbitral international.Plus tôt cette semaine, déjà, Gazprom a informé qu'elle n'avait jamais produit aussi peu de gaz qu'en 2023. Une chute des livraisons qui a eu des effets sur les résultats du groupe : l'an dernier, le géant russe a enregistré des pertes record, l'équivalent de plus de 6 milliards d'euros sur l'année.Pour remplacer les clients européens, la Russie voudrait construire un gazoduc qui irait de la Sibérie à la Chine. Mais le projet patine : les négociations entre Pékin et Moscou n’ont pas enregistré de progrès récemment.La Russie perd une de ses poules aux œufs d’orGazprom pesait à elle seule il y a encore une quinzaine d'années 8% du PIB de la Russie, avec près de 400 000 salariés. Pour Thierry Bros, auteur du livre Géopolitique du gaz russe (Editions L’Inventaire), et professeur à Sciences Po Paris, Vladimir Poutine a torpillé lui-même Gazprom en forçant la société à restreindre ses livraisons de gaz à l’Europe dès 2021, avant même l'invasion de l'Ukraine. Mais aujourd'hui l'État russe – actionnaire majoritaire de Gazprom – n'est probablement pas prêt à voler au secours de l'entreprise, estime le chercheur. « L’État russe a besoin de gagner sa guerre en Ukraine, mais pour gagner la guerre, il a besoin d'argent, explique Thierry Bros. Cela devient un problème en Russie alors que cela n'était pas le cas jusqu'à récemment. Dans ce contexte, je vois mal le gouvernement russe utiliser son fonds souverain pour racheter des parts de Gazprom » aux actionnaires privés du groupe. La société a déjà été contrainte de réduire ses investissements.Est-ce le résultat des sanctions occidentales ?« Il n’y a pas de sanctions européennes directement dirigées contre Gazprom, rappelle Thierry Bros. Gazprom continue à fournir du gaz à la Hongrie, à l'Autriche… Des pays dont les gouvernements sont pro-russes. L’Union Européenne reçoit aujourd'hui à peu près autant de gaz gazeux que de gaz naturel liquéfié (GNL) russe : en tout, environ 15% de la demande européenne est couverte par du gaz russe », souligne le chercheur.Plusieurs pays, en particulier en Europe de l’ouest, ont bien diminué leurs commandes de gaz russe, mais les Européens continuent donc de dépendre en partie de ce gaz, qu’il provienne de Gazprom ou d'autres entreprises russes - pour le gaz liquéfié notamment (ce dernier étant livré par bateau et non par gazoduc).Pour l'instant, pour éviter une hausse brutale des prix de l'énergie en Europe, les États-Unis ne prennent pas de sanctions plus fortes, mais ils pourraient resserrer l'étau progressivement dans les mois à venir, anticipe Thierry Bros.Malgré les difficultés de Gazprom et les sanctions, l'économie russe devrait croitre de plus de 3% cette année, d'après le Fonds Monétaire International (FMI). Une croissance tirée par l'industrie militaire, mais aussi soutenue par les exportations de pétrole, que la Russie est parvenue à réorienter de l’Europe vers la Chine et l'Inde.

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