Les émeutes de Nouméa sur fond de crise du nickel

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Les émeutes qui embrasent la capitale de la Nouvelle-Calédonie depuis le 13 mai ont éclaté sur fond de crise économique. La filière nickel, le poumon du « caillou », est au bord de la faillite.  L’an dernier, les cours du métal se sont effondrés de moitié. Résultat, en valeur, les exportations de nickel de la Nouvelle-Calédonie ont chuté de 15% en 2023. Cela a été le coup de grâce pour une filière déjà très mal en point.Pourtant, entre les années 1960 et 2000, le nickel est un moteur de l'économie. C’est grâce à ce minerai que la Nouvelle-Calédonie atteint un niveau de vie comparable à celui de la métropole. Les trois usines actuelles génèrent 10% du PIB et un quart de l’emploi privé. Si la faillite survient, 70 000 emplois seront sur la sellette.L'exploitation demeure un filon d’avenir, parce que la Nouvelle-Calédonie détient les deuxièmes réserves au monde et parce qu'il faut du nickel en quantité pour fabriquer les batteries des voitures électriques. Mais aujourd’hui, l’une des usines de raffinage est à l’arrêt et les deux autres au ralenti.Le nickel calédonien trop cher à produireLe coût de la main-d’œuvre et de l’énergie est prohibitif face à la concurrence féroce de l’Indonésie. Le géant du secteur qui a inondé le marché en 2023. Glencore cherche un repreneur pour l’usine du nord à Koniambo, qui risque de fermer dès le mois d'août. Eramet, l’opérateur historique à Nouméa, avec sa filiale SLN, maintient le site grâce aux crédits consentis par l’État. Au-delà des difficultés conjoncturelles et bien réelles, les opérateurs sont surtout lassés, déroutés par l’absence de consensus politique sur la gestion de la filière.Une gestion politique paralysanteLe métal a, certes, été un moteur de la croissance et une aubaine pour les rentrées fiscales de l'archipel, mais aussi un puissant facteur d’inégalités en faisant grimper le coût de la vie sur l’ensemble du territoire alors que la manne minière a longtemps profité aux seuls habitants de la capitale Nouméa.Dans le cadre des accords de Matignon puis de Nouméa, les indépendantistes obtiennent un rééquilibrage de cette rente minière avec la construction de l’usine de Koniambo au nord et sa gestion par la province qu’ils dirigent. Elle verra enfin le jour en 2013. Mais depuis, les décisions stratégiques sont souvent parasitées, voire empêchées par des polémiques politiciennes.La pauvreté et les inégalités, le revers de la médailleDernière en date : le pacte nickel proposé par Bercy pour réduire les coûts de production a capoté, faute d’accord politique. L’État proposait une enveloppe de 200 millions d’euros à condition que les collectivités ajoutent 66 millions d’euros. C’est l’un des motifs qui les a fait reculer alors que ce coup de pouce est une nécessité absolue pour retrouver de la compétitivité. Il faut dire que leurs finances sont exsangues, avec un taux d’endettement de 150% par rapport aux recettes réelles.Même si le tourisme est quasiment revenu au niveau d’avant le Covid, la Nouvelle-Calédonie panse encore les plaies causées par la pandémie et l'inflation. Le coût de la vie demeure exorbitant, 30% plus élevé qu'en métropole. Vingt pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.À lire aussiNouvelle-Calédonie: après trois jours d'émeutes, l'île est en proie à de multiples pénuries

Les émeutes de Nouméa sur fond de crise du nickel

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Les comptes de la France dans le rouge avec un déficit à plus de 5%
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