France: une réforme de l'assurance chômage à l'efficacité contestée

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En raison de la dissolution de l'Assemblée, l’incertitude planait depuis quelques jours sur la mise en place en France de la nouvelle réforme de l'assurance chômage, qui durcit l'accès aux allocations. Ce jeudi 13 juin, le Premier ministre Gabriel Attal confirme qu'un décret sera pris d'ici au 1er juillet. Une réforme rejetée par les syndicats, et à l'efficacité discutée. La veille, Emmanuel Macron, en conférence de presse, avait indiqué être ouvert sur les « modalités ». Mais ce jeudi, le Premier ministre l'affirme : un décret sera pris d'ici au 1er juillet, en vue de la mise en place de la nouvelle et contestée réforme de l'assurance chômage en France, annoncée en mars dernier. Le doute subsistait depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, le 9 juin. Le projet de décret du gouvernement est en cours d'examen par le Conseil d'État.Un nouveau tour de vis C’est la troisième fois en cinq ans qu’une réforme de l’assurance chômage est annoncée. Si elle est effectivement mise en place, pour toucher des indemnités, les demandeurs d’emploi devront travailler plus longtemps, et sur une période plus courte. Le gouvernement défend une réforme « courageuse », pour « inciter au travail » et « atteindre le plein emploi ». Quatre-vingt-dix mille emplois seront créés, espère le gouvernement, et le taux de chômage ramené à 5% dans les trois ans. On est à plus de 7% de taux de chômage, aujourd’hui, en France. Trois millions de personnes sont sans aucune activité. L'idée, c’est aussi, et peut-être surtout, de réduire la dette de l'assurance chômage qui s’élève à près de 60 milliards d’euros. Restreindre l’accès aux indemnités chômage fait-il réellement baisser le taux de chômage ?Là où les économistes sont d’accord, c’est qu’il est impossible de répondre à cette question, car pour le moment, aucune étude n’a été réalisée sur les deux précédentes réformes, de 2021 et 2023. Bertrand Martinot est expert associé à l'Institut Montaigne. Pour lui, il est « extrêmement difficile d'évaluer ce genre de choses, ça se fait au bout de plusieurs années de recul, car il faut pouvoir suivre les chômeurs et leur évolution ».Néanmoins, un débat existe. Pour Bertrand Martinot, si d’autres leviers, comme le coût du travail et la croissance économique doivent être actionnés, durcir l’accès à l’assurance chômage facilite également le retour à l’emploi : « Ça accélère la recherche d'emploi, ça rend la recherche d'emploi plus intensive, donc ça permet forcément de faire baisser le chômage. Mais ce n'est évidemment pas ce genre de réforme qui va faire baisser le chômage de trois ou quatre points ! » D’autres économistes sont beaucoup plus sévères sur la réforme de l'assurance chômage, à l'instar de Michaël Zemmour, enseignant chercheur en économie à l’université Lyon II : « Quand vous arrivez en fin de droits aux indemnités, si vous vous précipitez pour prendre un emploi qui ne correspond pas à votre qualification, il y a un fort risque vous le preniez à quelqu'un d'autre. Il n'y a pas de création d'emplois. »Un objectif principalement d'ordre budgétaire ? Autre argument : « Quand on pousse les gens à reprendre plus vite un emploi, ce sont plus souvent des contrats courts. Et donc ces contrats courts, ils font courir le risque de revenir plus vite au chômage, une fois que le contrat est terminé, au bout d'un mois ou deux mois. »Pour l'économiste, l’objectif de l'exécutif français est à l'évidence principalement budgétaire. Et si le gouvernement balaye cette accusation, cette nouvelle réforme de l’assurance chômage permettra, il est vrai, d'importantes économies : entre 4 et 5 milliards d’euros par an, nous apprenait cette semaine l’Unedic, l’organisme qui administre le régime d’assurance chômage. Débat du jourLes Français travaillent-ils suffisamment?

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