L’aide publique au développement en Afrique: carotte ou bâton après un coup d’État?

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Au moment où on assiste en Afrique à la recrudescence des coups d’État, la suspension de l’aide publique au développement est-elle encore employée pour faire pression sur les putschistes ? C’est la question que s’est posée la Coface. La réponse varie fortement d'une époque à l'autre. Les chercheurs de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface) sont partis d’un constat largement partagé : partout dans le monde, le risque politique augmente en flèche. Le Fonds monétaire international (FMI) considère qu’avec le risque climatique c’est aujourd’hui l’un des freins les plus puissants à la reprise de l’économie. La guerre en Ukraine, la guerre à Gaza, en témoignent.En Afrique, ce risque se manifeste surtout par la recrudescence des coups d’État. Il y a eu le Niger et le Gabon en 2023, le Burkina, le Mali ou encore la Guinée les années précédentes. Cette prise du pouvoir par la force n'est pas un phénomène vraiment nouveau sur le continent africain. C'est même très répandu depuis les indépendances. 44% des coups d'État répertoriés dans le monde depuis 1950 se sont déroulés en Afrique, nous indique la Coface. Dans cette région où l’aide publique au développement (APD) joue encore un rôle économique déterminant, les auteurs de l'étude ont regardé comment évoluent les flux d’APD avant et après les coups d’État en utilisant les chiffres des 30 pays donateurs suivis par l'OCDE.À lire aussiAfrique: ces coups d'États qui ont secoué le continent depuis trois ansL’équilibre de la guerre froidePendant la guerre froide, la suspension de l'aide est loin d'être une sanction automatique. Entre 1950 et 1989, l’année de la chute du mur de Berlin, l'aide diminue seulement une fois sur deux après un coup d'État. Dans un monde dominé par deux camps antagonistes, l’Occident d’un côté, le bloc soviétique de l’autre, les donateurs veillent à ne pas compromettre leur influence en coupant brutalement le robinet. Ils mesurent donc avec parcimonie la suspension de l’aide publique.En revanche, à partir de 1990, les pays occidentaux n'ont plus les mêmes préventions. Entre 1990 et 2010, l'aide est suspendue dans 76% des cas l'année suivant un coup d’État. La Gambie et la Côte d'Ivoire en feront les frais. C'est vrai aussi que c'est une période où la prise du pouvoir par la force diminue nettement en Afrique. L’heure est à la démocratisation des régimes. Et les organisations régionales africaines, comme l'Union africaine ou la Cédéao se dotent, elles aussi, d’instruments pour sanctionner le recul de l'État de droit et de la bonne gouvernance. En revanche, depuis 2011, les donateurs hésitent à employer cette arme.La suspension de l’APD moins fréquenteEntre 2011 et 2021, 67% des coups d’État ont été suivis par la suspension de l’aide publique au développement. Pour les auteurs de l’étude, c'est le grand retour « des intérêts géostratégiques dans un monde multipolaire ». Aujourd'hui, sur le continent africain, les Occidentaux ne sont plus les seuls donateurs. Ils sont en concurrence avec la Russie, la Chine, mais aussi les pays du Golfe ou d’Asie. Un contexte qui les invite à se montrer beaucoup plus prudent avec les putschistes.

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