Inde: pourquoi les succès économiques de Narendra Modi sont insuffisants

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J-1 en Inde pour les élections législatives. Le BJP, le parti du Premier ministre Narendra Modi, est donné favori en raison de son excellent bilan économique. Un succès pourtant contesté, y compris dans les milieux d’affaires. L’Inde deviendra la troisième puissance mondiale d'ici à 2029, c'est-à-dire avant la fin de son prochain mandat, promet Narendra Modi, avec de solides arguments en sa faveur. La croissance est vigoureuse depuis plusieurs années, 6,8% pour cette année, selon les prévisions du FMI. Les grands chantiers lancés depuis son arrivée au pouvoir ont nettement amélioré le quotidien des Indiens et ont dopé l’activité économique. Et enfin, le pays bénéficie aujourd’hui des investissements des multinationales quittant la Chine depuis le Covid. Le BJP et Narendra Modi en font des tonnes sur cette trajectoire flatteuse. En réalité, dénonce un ancien gouverneur de la Banque centrale, l’Inde est encore et restera un pays pauvre.Un enrichissement très relatifCette croissance ultra-rapide et solide est trop faible pour améliorer le niveau de vie des 1,4 milliard d’habitants. Le revenu par habitant n’est que de 2 600 dollars par an. C'est le plus bas des Brics, comme du G20, renvoyant l’Inde à la 139e place du classement mondial en termes de richesse par habitant.Depuis dix ans, le nombre de milliardaires a triplé, mais le revenu de l’immense majorité des Indiens stagne. Avec si peu de redistribution, on voit mal comment le marché intérieur peut entretenir la croissance. Le symptôme le plus flagrant de cette pauvreté est le chômage à 8% – le taux d’activité est très faible, les femmes sont quasiment absentes du marché du travail. La plupart des Indiens vivotent grâce au secteur informel, à des années-lumière de la prospérité de la classe moyenne employée dans les services.Pas de miracle chinois à l’horizonL’ouverture des usines à vocation exportatrice, comme celle d’Apple pour fabriquer des iPhone, est un bienfait pour l’industrie, et donc, pour l’emploi indien. Mais il ne faut pas non plus en exagérer les effets. Les investisseurs étrangers pensent diversification, ils ne veulent plus dépendre d’un seul pays, mais l’Inde ne bénéficie que d’une petite partie de ce vaste mouvement de relocalisation.Le soutien à la tech, affiché comme une priorité par le gouvernement, est bon en soi, explique un autre ancien gouverneur de la Banque centrale, Raghuram Rajan, lui aussi très critique envers le récit très romancé des succès économiques du Premier ministre indien. Mais, selon lui, c'est insuffisant pour donner du travail à tous. Il faut, recommande-t-il, regarder du côté des industries traditionnelles du pays et améliorer l’environnement des investissements. Un domaine où beaucoup reste à faire, estiment les entrepreneurs indiens.Certains préfèrent aller à Singapour pour monter une start-up, faute de confiance dans l’environnement de leur pays. L’arbitraire politique, les mesures protectionnistes encore trop nombreuses dans l’industrie, la faiblesse du marché intérieur sont parmi les repoussoirs les plus fréquemment identifiés, y compris parmi les grandes dynasties économiques totalement acquises à Narendra Damodardas Modi.À lire aussiÉlections législatives en Inde: grandeur et déclin de la plus grande démocratie du monde

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Aujourd'hui l'économie
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